Alors, tu pars quand?

Cher futur Erasmus,

tu ne le liras jamais assez, être un étudiant Erasmus, c’est une sacré expérience. Pour faire original, je vais te parler ici, en “bullet points” comme on dit (ça attire l’oeil, donc plus de public, ça laisse le temps au lecteur paresseux de se faire une idée de ce que tu vas raconter sans trop se fatiguer et de se dire s’il donne une chance à tes petits mots ou pas; bref, le type de texte qu’on recherche dans notre société aujourd’hui, puisqu’on veut gagner du temps, vivre à 200 à l’heure, etc. – c’est la plus longue parenthèse que je n’ai jamais écrite, dis donc, et je continue en plus, je te perds, lecteur fainéant, c’est… Sssshhh. Et en fait maintenant que j’y réfléchis, écrire sous forme de “bullet points” c’est aussi plus facile pour l’auteur du texte, il n’a pas à chercher de jolis mots liens entre chaque idée… Pardon, pardon, pardon, je divague, revenons-en à l’Erasmus), de mon propre séjour en te donnant quelques conseils que j’aurais bien aimé recevoir personnellement, avant de partir. Ça a été le cas pour certains de ces points, pas du tout pour d’autres, alors j’espère pouvoir t’apporter un peu de nouveauté. L’ordre des idées est tout à fait aléatoire, quoique peut-être en fonction des choses qui m’ont le plus marquées. 

world map in a tree
Je sais, quand on parle de l’Erasmus on vise l’Europe, mais je trouvais l’image jolie… Et puis ça inspire quand même au voyage…

  • Suis ton coeur. Je commence probablement par l’aspect le plus négatif – qui en lui-même, ne l’est pas – à savoir ma destination. Comme je me suis bien amusée à le raconter ici , je suis partie à Valence, en Espagne. Au bord de la mer, soleil tous les jours et encore en gilet à midi le 15 décembre, la vie “a lo tranquilo” et la Sangria a gogo. Mon espagnol se porte bien, merci à toi petit pays, mais moi, mon coeur me disait d’aller au Canada, en Angleterre ou en Écosse. J’aime parler, lire, écouter l’anglais plus que toute autre langue jusqu’à maintenant (bon, ok, je n’en connais pas mille non plus) et j’avais envie de tester la vie au “moyen terme” par là-bas. Et puis les profs disaient qu’il fallait aller dans le pays de la langue qu’on parle le moins bien; j’ai longuement hésité, et puis je me suis dit qu’il fallait être raisonnable. Justement… Peu importe les études que tu fais; tu es en traduction, comme moi? Les langues, si tu veux les apprendre, tu trouveras un autre moyen de le faire. Tu voyageras l’été prochain, tu feras un stage ailleurs, tu rencontreras des gens avec qui tu pourras pratiquer; bref, vas à ton coeur veut t’emmener. Un Erasmus, tu ne le vis qu’une fois.
  • Attends-toi au décalage horaire. Cela te paraît logique si tu pars en Angleterre ou en Russie, mais je ne parle pas seulement de ton changement d’endroit par rapport au Méridien. Oui, oui, même si tu pars “juste” en Espagne ou en Allemagne, tu y auras aussi droit. On n’y mange, dort, sort pas à la même heure que chez toi; en Espagne, par exemple, rentrer de soirée à 9h du matin est tout à fait normal (en effet, ce n’est pas seulement possible mais bien normal). Profites-en pour bousculer un peu tes habitudes et vivre au rythme du pays !
  • Sans amoureux(-se), c’est mieux. Désolée cher lecteur, impossible de te mentir sur ce point. Que tu viennes de passer 3 mois ou 3 ans avec ton/ta bien-aimé(e), que vous ayez déjà vécu à distance, que vous soyez sûrs de vous marier dans 32 mois et d’avoir 2 enfants (prénoms choisis), ce sera dur. Je veux dire, il y aura le manque, la tristesse – ça, c’est la base – mais peu importe ce à quoi tu t’attends, ça ne se passera pas comme ça une fois sur place (si ça a été le cas, s’il te plaît, fais-moi part de ton expérience!). Vous aurez tous les deux de bonnes surprises parfois; de mauvaises, sans doutes. Chacun vit la distance différemment, en fonction des tempéraments, des espérances… Soyez simplement préparés – et communiquez !
  • Dis oui à tout. Je ne suis pas de ces personnes qui, en “temps normal”, saisissent toutes les occasions pour sortir, s’occuper; et certainement ne l’es-tu pas non plus. On sort rarement de son cercle d’amis quand on est chez soi (en même temps, on peut penser qu’on n’en a pas vraiment besoin), on va souvent aux mêmes endroits, on prend la même route pour aller en cours ou au boulot et on rentre vite dans la routine. Profite d’être dans un autre pays pour sortir un peu de ta zone de confort : un jogging dans le parc avec ton voisin? Oui; un film en polonais avec ton colloc? Oui; une soirée avec des gens que tu ne verrais probablement même pas normalement? Oui; une dégustation de vin alors que tu n’aimes pas ça? Oui! Profite de ces quelques mois, jours, heures, minutes plus que d’habitude; c’est l’occasion plus que jamais !

remember to explore

  • Octroie toi des pauses. Ça semble plutôt étrange à dire comme ça mais… Vous vérifierez bien assez vite la rumeur: en Erasmus, l’alcool est toujours au rendez-vous, on mange souvent dehors, on n’est jamais chez soi, on abandonne son ordinateur… Et des concepts comme repas équilibrés, nuits de 8h et routine disparaissent plus ou moins entre le premier et le dernier jour. Mais! Tu peux aussi t’offrir une bonne nuit de sommeil de temps en temps, te regarder un petit film un soir avant d’aller dormir, proposer un atelier cuisine entre collocs européens; tu verras, ce sera sympa aussi – et contribuera probablement à la conservation de tes neurones et autres machins du style qui participent au bon fonctionnement du corps humain raisonnablement utilisé.
  • Essaie de ne pas comparer. J’ai déjà glissé ce petit mot, “comparer“, dans un conseil plus haut, mais il vaut bien un peu plus d’explications. Ne fais pas de comparaisons, pour la simple et bonne raison qu’il serait injuste de le faire entre un pays dans lequel tu as vécu plus ou moins 20 ans et un autre dans lequel tu vas à peine passer 5 mois, 10 tout au plus. Tu trouveras dans un autre pays, qui a non seulement sa propre langue, mais aussi sa propre culture, sa propre histoire, sa propre population… C’est normal que tout soit différent 🙂
  • Si tu as le cafard, ça passera. On n’en parle pas trop de ça, quand on revient; l’Erasmus c’est trop génial, et c’est plutôt en rentrant qu’on est vraiment triste. On ne dit pas tout, puisque ces moments, on ne les retient pas, mais il n’empêche que parfois, ton chien, ton chat, la cuisine de ta maman, ta copine, ton bar préféré peut-être, vont te manquer, et c’est normal. Certains, au début, comptent même les jours – “20 nuits avant que X n’arrive, 52 avant la visite de mes parents, dans 89 je rentre…”. Ce genre de jours, fais ce qu’il te plaît, même si c’est passer la journée sur Skype avec ta grand-mère et ton petit frère (attends, il y a la pression sociale en Erasmus… Tu dois avoir des trucs à raconter le lendemain… Donc de ça, tu fais fi un petit jour). Et puis souviens-toi aussi, tu ne pars pas pour toujours.
  • (un petit dernier pour la fin) Matérialise tes souvenirs. Prends des photos, garde les cartes de restaurants et les sous-bocks des bars; fais le touriste, parce qu’on n’a jamais trop de souvenirs. Dans quelques jours, mois, années, tu seras probablement content de retomber sur cette petite ombrelle, celle qui était dans le verre de ton mojito dans ce petit bar à tapas que vous avez testé entre filles, avec tes nouvelles copines de là-bas; tu seras ému en revoyant ces photos de vous tous, les premiers soirs, en train de faire les débiles à escalader les murets de vous ne saviez pas où, “à l’époque”.replace fear

Dans tous les cas, si tu hésites… Arrête ! Signe les papiers et prends un billet d’avion. Tu vas apprendre des gens, d’où qu’ils viennent, de toi-même surtout, être plus ouvert; tu auras envie de parcourir le monde après ça – si ce n’est pas déjà le cas – et ça te donnera des idées, des envies, et fera germer plein de petits projets…

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